Les femmes demandent réparation. Sos sexisme, 2001


 
[Voici un texte (qui est aussi une pétition) hallucinant, et qui fait froid dans le dos :
 
- tout est contenu dans la première phrase : le "Nous, Femmes du monde", collectif, généralisateur, universel, s’oppose au "les hommes" tout aussi collectif, généralisateur et universel (où et quand les "femmes du monde" ont-elles mandaté ce groupuscule pour parler en leur nom ?).
 
- le "depuis des millénaires", repris plus bas par "des temps immémoriaux" ajoute la dimension d’universalité temporelle
 
- après, c’est la longue incantation victimiste des violences masculines ou prétendues telles. Bien entendu, ces violences ne peuvent en aucun cas être attribuées aux hommes dans leur ensemble. De plus, il serait aisé d’établir une liste symétrique de violences faites aux hommes par des femmes. Mais le but ici est de susciter une passion aveugle qui exclut tout sens de la réalité et toute réflexion.
 
- la demande de "réparation" aux instances étatiques est copiée sur la démarche, désormais courante, de groupes ethniques ou religieux anciennement victimes ou pseudo-victimes, dont chacun s’efforce de démontrer qu’il a été plus victime que les autres. Ici, un nouveau pas est franchi puisque la demande s’adresse aux "Gouvernements des différents pays", c’est-à-dire à tous les états du monde, considérés comme coupables de crimes éternels !
 
C’est un texte sexiste, violent et dangereux du fait de cette violence. Chez les esprits faibles, il peut suciter la haine, le désir de vengeance, éventuellement le passage à l’acte.]
 
 
LES FEMMES DEMANDENT REPARATION
 
La Conférence de Durban contre le racisme et l’intolérance a été un lieu de rencontres pour les victimes de la traite, de la colonisation, de l’apartheid, de l’épuration ethnique, du système des castes, des violences religieuses et politiques de toutes sortes. Et les femmes ? Le sexisme n’a été évoqué qu’en fonction de la double oppression qu’il implique pour elles : femmes et noire, femme et musulmane, femme et Dalit, femme et Rom... Mais, des femmes en tant que victimes d’un système d’oppression spécifique, le Patriarcat, il n’est nullement question !
 
Nous, Femmes du Monde
dénonçons les violences et les différentes formes d’exploitation que les hommes nous ont fait et nous font subir depuis des millénaires :
pour nos pieds bandés nos cous prisonniers des anneaux
nos sexes coupés ou cousus
nos lèvres à plateaux ou nos oreilles percées
pour les ceintures de chasteté ou le contrôle de notre virginité
pour les corsets qui nous étouffent pour nos corps anorexiques ou engraissés selon leur loi
pour les femmes qu’ils privent d‘éducation, de liberté, d’autonomie
pour celles qu’ils enferment dans les harems ou aux foyers
derrière le voile, le tchador, le tchadri ou la burqa
pour les mariages précoces, les rapports sexuels imposés les grossesses non désirées, les stérilisations forcées, les avortements de fœtus féminins
pour la polygynie, la répudiation, la pratique de la dot
la discrimination dans l’héritage
pour l’exploitation économique, l’esclavage domestique, la double journée de travail
pour les coups, les insultes, le harcèlement moral et sexuel
pour les viols privés ou collectifs
pour la pornographie, la prostitution
les femmes vendues dans le « mariage de jouissance » ou par le Crime organisé
pour les jets d’acide, la lapidation, la pratique du Sati,
pour les « sorcières » brûlées vives
pour les crimes d’honneur, les meurtres de femmes
pour les massacres religieux ou politiques
pour les petites filles qu’ils tuent et celles qu’ils empêchent de naître : il manque cent millions de femmes sur la terre...
pour le contrôle qu’ils ont exercé et continuent d’exercer sur nos vies
pour nos vies qu’ils nous ont volées
pour notre intelligence qu’ils ont étouffée
pour la division qu’ils ont instaurée entre nous pour nous maintenir en esclavage,
pour tous les crimes odieux que les hommes ont commis contre les femmes depuis des temps immémoriaux,
pour avoir fait de nous le symbole du MAL dans les religions misogynes du dieu qu’ils ont créé à leur image, un décret caractéristique de toute idéologie raciste,
pour nos Droits Humains bafoués, Nous, Femmes du Monde, demandons que les Gouvernements des différents pays nous présentent des excuses et que ces instances apprécient, à leur juste valeur, les compensations financières, juridiques, professionnelles et politiques que les femmes sont en droit de recevoir.
 
SOS SEXISME, 2001
 
 
[La collecte des signataires s’est arrêtée fin 2011. Elle a donc duré dix ans ! La liste des signataires n’est hélas pas ouverte à la consultation...]
 



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