Les PROGRAMMES PERES-FILS


A propos de « Papa, à quoi sers-tu ? » de Serge Ferrand / Patrick Guillot. RH INFOS n°33, octobre 2003

 
[Cet ouvrage n’est malheureusement plus disponible chez l’éditeur québécois. Hormis dans quelques bibliothèques, il est donc difficile à trouver en France.]
 
A propos de « Papa, à quoi sers-tu ? » de Serge Ferrand
 
Serge Ferrand, français d’origine, québécois d’adoption, a réalisé le film documentaire Entre père et fils. Ce film, qu’a diffusé Téléquébec en octobre 2002, a suscité l’enthousiasme dans les divers rassemblements masculins ou mixtes où il a été projeté.
 
Ce livre est l’histoire du tournage du film. Mais il a une vie propre, autonome, et on peut y goûter pleinement sans avoir visionné ce dernier. En fait, on peut y suivre trois itinéraires, qui se recoupent et se retrouvent constamment. Le premier est celui de la réalisation technique, avec les difficultés matérielles, les limites dictées par la réalité, les angoisses et les choix douloureux imposés au réalisateur. Le deuxième est bien sûr le thème général de la paternité, avec la rencontre de quelques hommes et femmes emblématiques, parce que confrontés au problème dans toute son âpreté. Le troisième, le plus important et le plus riche, est celui de la quête personnelle de Serge pour rétablir le lien avec son fils Jesson, et, dans la foulée, avec son père. Quête qui l’a amené - c’était incontournable - à apparaître en personne dans le film - avec eux.
 
Jesson est le premier fils de Serge, un fils dont, depuis la séparation avec sa première épouse, il y a vingt ans, il s’est occupé de façon insuffisante, voire chaotique, et dont il estime « avoir raté une bonne partie de l’éducation ». Jesson a désormais 27 ans. Quoique rétif au début, il acceptera de répondre favorablement aux diverses initiatives prises par son père.
 
Pour retrouver son fils, Serge ne lésine pas sur les moyens : il l’emmène dans un programme Men and wilderness, un voyage initiatique où plusieurs tandems pères-fils descendent une rivière, en canot, en pleine nature, pendant cinq jours, contraints d’assumer ensemble les conditions climatiques, l’effort physique, l’intendance... et les groupes de parole, animés par le charismatique Michael Madden. Ce qui est l’occasion de quelques pages éloquentes sur la manière dont se passe ce genre d’expédition, et les conditions relationnelles exceptionnelles qu’il crée.
 
De retour à la civilisation, père et fils se retrouvent, pour un face-à-face filmé, et les mots d’une certaine intimité peuvent être échangés, enfin, après si longtemps. Comme ceux, en plus retenu, qu’échangeront quelque temps plus tard, après maints détours, Serge et son propre père, réunis par le premier pour une partie de pêche dans le village familial. 
 
En alternance, on peut lire quelques entretiens percutants avec des personnalités vivifiantes comme Christiane Olivier, l’inlassable avocate du contact physique immédiat entre pères et fils - Ghislain, l’animateur du « Groupe d’Entraide des Pères » - la sénatrice canadienne Cools, qui milite depuis des années pour améliorer les droits des pères divorcés. Et d’autres encore.
 
C’est un ouvrage à plusieurs facettes : roman, livre à idées, livre militant, qui donne envie d’agir. Il s’en dégage en tous cas beaucoup de couleur et de tonicité.
 
Patrick Guillot / RH INFOS n°33, octobre 2003
 
Papa, à quoi sers-tu ? On a tous besoin d’un père. Serge Ferrand. Option Santé, 2003 
 



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