RECENSION : citations d’auteurs contre les quotas sexués (màj régulières)


 

 

Michèle Alliot-Marie, ex-ministre

La loi sur l’égalité de Najat Vallaud-Belkacem sera au mieux une déclaration d’intention. Atlantico, 19 février 2014

atlantico.fr/decryptage/michele-alliot-marie-loi-egalite-najat-vallaud-belkacem-sera-au-mieux-declaration-intention-quotas-parite-986226.html ?page=0,2

Peut-être faudrait-il un ministère du droit des hommes ? Dans un certain nombre de pays nordiques, les femmes représentent jusqu’à 80 % des membres du gouvernement. Je pense plus sérieusement qu’il faudrait voir les choses beaucoup plus simplement, c’est-à-dire se concentrer uniquement sur les compétences, sans tenir compte du sexe. Toute autre attitude est scandaleuse. Et il faudrait, dans chaque ministère, veiller à ce que les règles soient appliquées.
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Je pense que dans le monde politique comme dans le monde du travail, il y aura une égalité de nomination lorsque l’on ne prendra plus en compte le sexe ou le genre des personnes. Et cela, ce n’est pas une loi qui peut en décider.
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La parité doit s’imposer d’elle-même. J’estime que les quotas ont une utilité pour le lait ou pour les vaches, mais qu’ils ne sont pas faits pour les humains. Il est scandaleux qu’une femme qui a des compétences ne soit pas nommée parce qu’elle est une femme, tout comme je trouve scandaleux que l’on nomme une femme moins compétente simplement parce que c’est une femme.

 

Vincent Le Biez, secrétaire national de l’UMP

et secrétaire général du club de réflexion Réforme & Modernité.

Big brother cares (too much) about you. Slate.fr, 16 septembre 2013

slate.fr/tribune/76996/big-brother-egalite-moyen-resultats

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On ne répare pas une injustice en en créant une autre

Si la France ne s’est pour l’instant pas engagée sur la voie de la discrimination positive en faveur de minorités ethniques, elle dispose, depuis le gouvernement de Lionel Jospin, d’une législation particulièrement forte en matière de parité entre les hommes et les femmes dans la vie politique. C’est donc ce cas particulier qui sera étudié ici. L’enchaînement logique qui mène à cette loi vaut pour toutes les autres mesures de discrimination positive et mérite donc d’être analysé en détail.

Tout part de la définition d’un groupe au sein de la société (ici, les femmes) et de l’observation d’une corrélation entre l’appartenance à ce groupe et une caractéristique sociale particulière (ici, la sous-représentation au sein de la classe politique). Tous les individus étant supposés de compétences égales, cette corrélation est interprétée comme une injustice résultant d’une discrimination directe ou indirecte, sans que le « mécanisme discriminatoire » ne soit réellement précisé. Pour corriger cette discrimination et faire disparaître la corrélation observée, l’Etat accorde un avantage aux membres du groupe ou pénalise ceux qui n’y appartiennent pas.

Pris de manière globale, ce raisonnement semble imparable. Mais les choses se compliquent quand on descend au niveau individuel : Brigitte se fait évincer d’une liste électorale par les caciques sexistes de son parti, qui, pour « compenser », donnent l’investiture à Carole (fraîchement parachutée) dans une autre circonscription, écartant de fait Robert, qui avait pourtant fait un remarquable travail de terrain depuis plusieurs années. Dans un tel scénario, l’injustice faite à Brigitte demeure, la loi sur la parité conduisant le parti machiste à ajouter une nouvelle injustice faite à Robert et à satisfaire l’opportunisme de Carole.

On objectera qu’un tel cas particulier n’est pas représentatif et que ce qui compte est de regarder ce qui se passe en moyenne. C’est oublier que le propre d’une injustice est d’être individuelle : un groupe discriminé est une abstraction, ce sont toujours des individus particuliers qui sont en cause. L’injustice subie par Brigitte n’est ainsi en rien compensée par la bonne fortune faite à Carole.

On peut ainsi tout à fait envisager que la disparition d’une injustice statistique (faire qu’il y ait autant d’hommes que de femmes en politique) se traduise par une augmentation du nombre d’individus victimes d’injustice.

Pour le montrer dans le cas d’espèce, il suffit de changer le périmètre du groupe observé : plutôt que de séparer entre hommes et femmes, on peut diviser la société en quatre : jeunes hommes, jeunes femmes, hommes âgés et femmes âgées. En partant des hypothèses, assez réalistes, que ce sont des hommes âgés qui occupent la plupart des postes en politique et qu’il est difficile pour un parti politique de ne pas investir un candidat sortant, on arrive au résultat schématique suivant : des hommes âgés sont investis dans les circonscriptions où ils sont sortants et des femmes (jeunes ou âgées) sont investies partout où il n’y a pas de sortant.

De fait, on arrive à une situation de discrimination quasi-totale du groupe des jeunes hommes (ce qui n’est pas sans émouvoir l’auteur de cet article) sans que la loi ne contraigne en aucune manière les partis à remettre en cause le « privilège » dont bénéficie le groupe des hommes âgés. Les jeunes hommes payent ainsi les avantages indus de leurs aînés, comme si existait entre eux une solidarité implicite et totale.

Ce cas illustre bien la précipitation avec laquelle le politique entend « corriger » la société, puisqu ’il ne fait pas de différence entre une inégalité de stock (qui demande nécessairement du temps pour être résorbée) et une inégalité dans le flux entrant, contre laquelle il serait certainement plus légitime d’intervenir. Il montre par ailleurs la subjectivité assez importante qui peut intervenir dans la définition du groupe étudié et dans la qualification de la corrélation observée en discrimination. Plusieurs femmes de renom avaient d’ailleurs protesté vigoureusement contre cette loi en 1999, dépassant ainsi le clivage hommes/femmes sur cette question de principe.

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Natacha Polony.
Interview au Courrier de l’Atlas n° 13, 16 mars 2008
lecourrierdelatlas.com/Societe/Feminisme-en-perdition.html

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La parité est-elle pour vous une discrimination positive ?

J’arrive à entendre l’argument de ceux qui disent que si on doit attendre, on en a pour cent ans. Mais par pragmatisme, faut-il abandonner les principes au risque de détruire la cause pour laquelle on se bat ? Je ne crois pas. Or, inscrire la parité et la différence des sexes dans la Constitution, c’est nier les fondements de la déclaration des droits de l’Homme. Vouloir mettre l’identité de chacun en avant pour faire valoir l’égalité des droits me semble extrêmement dangereux. C’est renoncer tout simplement aux principes universalistes. Décréter la parité sans créer les conditions pour que les femmes puissent s’investir en politique, c’est idiot.



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