Plus de la moitié des pères profitent du congé de paternité. Le Monde, 25 octobre 2003


 

Plus de la moitié des pères profitent du congé de paternité

En 2002, première année du dispositif, 336000 salariés ont recouru à cette « pause-naissance »

Plus de la moitié des nouveaux pères prennent leur congé de paternité. La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) des ministères de la santé et du travail publie, dans le numéro d’octobre d’ « Etudes et résultats », les premiers chiffres exhaustifs concernant le congé de paternité, instauré le 1er janvier 2002 par le gouvernement Jospin.

Dès la première année de fonctionnement du dispositif, 336300 pères (assurés aux régimes de Sécurité sociale des travailleurs salariés, des professions agricoles et indépendantes) se sont donc saisis de ce nouveau droit à l’arrêt de travail rémunéré pour pouponner.

On sait qu’en 2002 645600 enfants de pères affiliés à ces régimes de Sécurité sociale sont nés. On sait encore que 336300 congés de paternité ont été recensés en 2002, et environ 45000 durant les quatre premiers mois de 2003 (pour des naissances intervenues en 2002). Il est donc possible de calculer la part des nouveaux pères qui ont fait le choix de faire une pause-naissance. « Le nombre de congés pris au titre d’une naissance est intervenue en 2002 est d’environ 384000 rapportés à 645600 naissances, soit un taux de 59% », calcule la Drees. Ce chiffre dépasse les espoirs de Ségolène Royal, instigatrice de cette petite révolution des mentalités : en juin 2001, lors de l’annonce de la création du congé de paternité, le ministre de la famille d’alors tablait sur 40% de pères intéressés…

La plupart de ces pères ont pris leur congé intégralement, constate encore la Drees. Près de neuf pères sur dix qui se sont arrêtés ont pris la totalité de leur congé, soit 11 jours (18 jours pour les naissances multiples) s’ajoutant au trois jours déjà prévus par le code du travail. Parmi les salariés, les cadres sont plus nombreux que les ouvriers ou employés à ne pas s’absenter durant l’intégralité des 11 jours. Et parmi les indépendants, ce sont les artisans qui écourtent le plus le congé de paternité.

Ce congé est ouvert aux pères dans les quatre mois suivant la naissance ou l’adoption de l’enfant. Mais les deux tiers des assurés au régime général ont profité de ce nouveau droit dans le mois qui a suivi la naissance de leur enfant. Les bénéficiaires du régime agricole et les travailleurs indépendants, eux, s’arrêtent souvent de travailler plus tardivement.

L’étude de la Drees permet par ailleurs de dresser un premier portrait des pères concernés. Ils ont un salaire moyen mensuel brut (1930 euros) légèrement inférieur à celui de l’ensemble des salariés. Logique : dans le cadre du régime général, l’indemnisation du congé est de 80% du salaire brut dans la limite du plafond de la Sécurité sociale (2352 euros en 2002). Les cadres supérieurs qui perdent une bonne partie de leur rémunération, hésitent donc à se servir du congé. Enfin les hommes qui ont goûté aux joies du congé de paternité sont en moyenne plus âgés (34 ans) que l’ensemble des pères (32,5 ans) à la naissance d’un enfant. Plus légitimes dans leur entreprise, ils savent peut-être également mieux que leurs cadets l’importance de ces quelques jours dédiés à leur enfant.

Pascal Krémer

Le Monde, 25-10-2003 



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