Analyse de l’enquête INSEE 2010 : Femmes et hommes en début de carrière


 

 

ANALYSE DE L’ENQUETE INSEE 2010 :

Femmes et hommes en début de carrière.

Les femmes commencent à tirer profit de leur réussite scolaire

 

Alice Mainguené
Daniel Martinelli

Insee première, n° 1284, février 2010

(Enquête emploi, réalisée en continu depuis 2003 38 000 ménages ordinaires répondent chaque trimestre, soit 72 000 personnes de 15 ans ou plus)

Résultats valables pour 2008. Concerne le début de la vie active, plus précisément les six premières années : sont interrogés des personnes sorties de leur formation initiale depuis moins de six ans.

Nous reprenons les enseignements de l’enquête selon un plan qui nous est propre.

 

1. Les jeunes femmes ont un niveau de formation plus élevé

Ont un diplôme de l’enseignement supérieur : 37% des jeunes hommes / 51% des jeunes femmes

N’ont aucun diplôme : 19% des jeunes hommes / 12% des jeunes femmes.

 

2. Elles sont donc moins touchées par le chômage, et accèdent plus nombreuses à des emplois qualifiés

Taux de chômage : 16% des jeunes hommes / 14 % des jeunes femmes

Occupent une profession intermédiaire ou un emploi de cadre : 43 % des jeunes hommes / 48% des jeunes femmes.

 

3. Les jeunes femmes choisissent des spécialités moins porteuses

Les jeunes hommes choisissent davantage des spécialités de la production ou des sciences exactes, qui permettent une meilleure insertion professionnelle.

Les jeunes femmes

- choisissent plutôt celles des services ou des sciences humaines/sociales ;

- lorsqu’elles choisissent des spécialités de la production, s’orientent vers les moins porteuses.

Exemples :
13% seulement des titulaires d’un CAP ou d’un BEP de la production sont des filles.
" Les femmes titulaires d’une licence accèdent plus souvent que les hommes aux postes d’enseignants, notamment de professeurs des écoles. "

 

4. C’est une explication au fait qu’elles sont plus nombreuses à travailler à temps partiel

Elles sont plus nombreuses à travailler, mais aussi à le faire à temps partiel.

Travaillent à temps partiel : une jeune femme sur cinq, un jeune homme sur quinze.

 

5. C’est aussi une explication au fait que leur salaire MEDIAN est inférieur

" Le salaire médian correspond au salaire tel que la moitié des actifs ayant un emploi gagne moins et que l’autre moitié gagne plus. "

Tous temps de travail confondus, les jeunes femmes ont un salaire médian inférieur à celui des jeunes hommes : 1260 euros contre 1380, soit - 10% (ce qui n’enseigne rien - comme dans de nombreuses enquêtes, on ne voit pas pourquoi on ne se contente pas de comparer ce qui est comparable).

Mais " A temps plein, le salaire médian des femmes rejoint celui des hommes en début de vie active (autour de 1400 euros) ".

 

6. Conclusions

Concernant les six premières années de la vie active, aucune donnée ne fournit des indices de discriminations (au contraire !) à l’encontre des jeunes femmes dans les domaines suivants :

- accès à un niveau de formation élevé

- accès à l’emploi

- accès à des emplois qualifiés.

Trois données pourraient être considérées comme des indices de discrimination, à savoir :

- leur choix de spécialités moins porteuses

- leur plus grand nombre à travailler à temps partiel

- l’infériorité de leur salaire médian tous temps de travail confondus

Première donnée : sauf démonstration du contraire, ce choix est libre ; il ne peut être considéré comme une discrimination.

La seconde s’explique aisément par la première.

La troisième s’explique aisément par la première et la seconde.

L’enquête ne fournit aucun autre élément d’explication. En particulier, elle ne fournit aucun élément permettant d’affirmer que ces trois données négatives seraient le résultat de pressions culturelles ou de discriminations globales pesant sur les jeunes femmes. Elle affirme par contre que " les filles ne tirent pas pleinement parti de leur niveau de diplôme sur le marché du travail ".

 

Au moins pour les six premières années de la vie active des jeunes femmes, l’enquête infirme toutes les croyances en un complot masculin visant à empêcher leur promotion sociale, de type " plafond de verre " ou "plancher collant".

insee.fr/fr/themes/document.asp ?ref_id=ip1284

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Patrick Guillot, mars 2010

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Nous avons relevé, afin de montrer comment s’effectue le conditionnement des esprits, les titres des articles traitant de l’enquête dans les jours suivant sa publication, classés en deux catégories : 

Intox  :

Mieux formées, les femmes continuent de gagner moins que les hommes (La Tribune.fr)
Les hommes gagnent plus que les femmes dès le début de carrière (Libération)
Les femmes gagnent moins dès le début de carrière (Le Monde)
Les femmes toujours moins bien payées (Le Figaro)
Emploi : Les femmes plus diplômées, mais moins bien payées en début (Les Échos)

Vérité :

Les femmes tirent profit de leurs bonnes notes à l’école (Actualite.com)
Les femmes se rapprochent professionnellement des hommes (L’Usine Nouvelle)
Emploi : les femmes tirent profit de leur réussite scolaire (à nouveau Le Figaro)
Réussite professionnelle : les femmes tiennent le bon bout ! (Elle)
Les femmes partiellement récompensées de leurs bons résultats (VousNousIls.fr)
La révolution silencieuse (Les Echos.fr)

 



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