"L’enfant d’abord", les matriarcaux


 

"L’enfant d’abord", les matriarcaux

http://www.lenfantdabord.org

Association créée en 2002, actuellement basée à Grenoble. Sous couvert de travailler au bien-être de l’enfant, elle développe des thèses radicalement hostiles à la résidence alternée des enfants après divorce, la mère étant posée comme un parent d’importance supérieure au père... L’excellent article de Libération qui suit décrit bien les méandres de cette pensée nuisible (à noter la réjouissante manière dont la journaliste désigne ses tenants : "les réacs de la famille").

 

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Une association s’insurge contre la résidence alternée et prône le retour à la mère
 
 
Enfants : les réacs de la famille ne baissent pas la garde
 
 
L’offensive n’a plus rien de discret. Les mots sont choisis : lourds comme du plomb. La résidence alternée est une « décision à haut risque », le système « qui fait le plus de ravages ». Lorsqu’elle est imposée par l’autorité judiciaire, elle « est la cause de catastrophes touchant la formation de base [de l’enfant] et son développement ultérieur ». En bref, « si la résidence alternée était un médicament, il y a bien longtemps qu’elle serait retirée du marché ».
Relais. Ces attaques proviennent de l’association l’Enfant d’abord dont la mission est de défendre « l’intérêt de l’enfant ». Relancées à l’occasion de la Journée des droits de l’enfant, à l’automne, puis sous la forme d’un lobbying soutenu, elles prennent le relais de la bataille menée par des associations familiales qui avaient trouvé écho auprès du président de l’Unaf (Union nationale des associations familiales). L’Enfant d’abord propose de « ne plus autoriser la résidence alternée imposée par le système judiciaire », et plus clairement de « ne pas retirer les enfants à celui des parents qui a été le premier et principal pourvoyeur de soins »... Comprenez : la mère.


Selon la chancellerie, 10 % des procédures débouchent sur la résidence alternée, mise en oeuvre par la loi de 2002 qui permet de fixer la résidence de l’enfant à la fois chez le père et chez la mère. Dans 80 % des cas, il s’agit d’une demande conjointe, dans 20 %, le juge l’impose. Cette réforme portée par Ségolène Royal consacrait une victoire des pères, mais, plus largement, une évolution s’inscrivant dans l’égalité homme-femme. Bizarrement, à l’époque du débat parlementaire, certaines féministes s’étaient alliées au camp le plus passéiste contre cette réforme. Alors que la mesure entre dans les moeurs, l’Enfant d’abord repart au front : combat d’arrière-garde ou brèche dans l’air du temps ? Récemment, l’association est revenue à la charge sous la forme d’un dossier de presse regorgeant de courriers ou de mails de mères remplies d’inquiétude.

Voici ce que l’association présente comme un « cas d’école » : l’enfant a les « symptômes habituels » engendrés par la résidence alternée : « Au départ, chez son père, il manifeste son désespoir. Au retour chez sa mère, il rentre épuisé, dort jusqu’à 16 heures d’affilée, puis il pleure toutes les nuits, tape sa mère, refuse les bains. Il hurle dès que la mère disparaît de sa vue. Il se roule par terre en hurlant lorsque sa mère le laisse chez sa nourrice, il refuse d’aller dans la poussette. » Les témoignages des mères s’amoncellent. Le petit Kévin « tombe régulièrement malade lorsqu’il est chez son père : crises d’asthme sévères nécessitant son hospitalisation, fesses rouges, mycoses, eczéma, perte de poids de 1 à 2 kilos ». Martin a « le visage figé et les yeux dans le vide ». Clara connaît « des réveils nocturnes avec des cris, elle se frappe le visage ». Tous victimes de la résidence alternée !

Cet assaut est orchestré par certains pédopsychiatres. Parmi eux, Maurice Berger, psychiatre et psychanalyste, décrit les troubles occasionnés par ce mode de garde chez les enfants de moins de 6 ans (1). Selon lui, la loi de mars 2002 peut entraîner « une pathologie quasi expérimentale qui actuellement ne nous paraît pas traitable ». La démonstration va loin : « Les séparations prolongées répétées sur un week-end sont proches de la zone du traumatisme psychique. » Adieu week-end chez les grands-parents...

Selon Maurice Berger, la mère est plus sécurisante pour le bébé. « Or il apparaît de plus en plus que les juges des affaires familiales ne tiennent pas compte de la spécificité de cette situation et que le petit enfant ne bénéficie pas du "principe de précaution" qu’on serait en droit d’attendre. » Pourtant, de nombreux pères se plaignent du contraire et s’estiment lésés au profit des mères, comme en témoignent plusieurs questions au gouvernement, relayées par des parlementaires et une récente lettre ouverte de l’association Allô papa, allô maman à Dominique Perben. Mais, vu du cabinet de consultation de Maurice Berger, « chaque fois qu’à propos d’un enfant de moins de 6 ans un père exige d’avoir sa part égale d’enfant (...), il y a de fortes chances pour qu’il soit ou dans la haine ou dans une idéologie déconnectée de la réalité ».

 
« Hermaphrodite ». Prétendant, elle aussi, parler de cas réels cliniques, l’association l’Enfant d’abord cache mal une idéologie qui s’inscrit contre l’évolution de la société. Sur son site, elle dépeint ainsi l’« intimité de la mère et du foetus », insistant sur « les rôles bien distincts du père et de la mère ». Et ­ palme de la modernité ­, elle se méfie des « nouveaux pères, ceux qui n’hésitent pas à changer les couches et extérioriser leur émotion » : « Qui peut croire que le nouveau père soit devenu subitement un hermaphrodite psychique doué de toutes les compétences et de toutes les aptitudes ? », n’hésite-t-elle pas à écrire.

En juillet 2002, le président et le secrétaire général de l’Association française de psychiatrie demandaient dans une lettre au ministre de la Justice que soient reconsidérés certains articles de la loi de 2002, un texte jugé « trop irréaliste et dangereux ». D’autres études de spécialistes vont pourtant dans un tout autre sens. Selon Gérard Poussin et Elisabeth Martin-Lebrun, (2) par exemple, les enfants qui partagent leur temps équitablement chez leur père et leur mère ont « plus d’estime de soi » que les autres enfants de parents séparés. Le pédopsychiatre Stéphane Clerget dans Séparons-nous... mais protégeons les enfants ! (Albin Michel) préconise que la garde alternée soit privilégiée, car l’enfant a autant besoin de son père que de sa mère. Jusqu’à présent, la chancellerie n’a pas l’intention de modifier ce texte de loi.

Charlotte Rotman

Libération
, 5 mai 2005

 (1) « La résidence alternée, une loi pour les adultes ? » sur sisyphe.org, février 2005, et « La résidence alternée chez les enfants de moins de six ans, une situation à hauts risques psychiques », dans Devenir n° 3, 2004, avec Albert Ciconne, Nicole Guedenney et Hana Rottman.

(2) Cités par Gérard Neyrand, l’Enfant face à la séparation des enfants, une solution, la résidence alternée, chez Syros.

http://www.liberation.fr/societe/2005/05/05/enfants-les-reacs-de-la-famille-ne-baissent-pas-la-garde_518738
 
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ELIETTE ABECASSIS, UNE "MARRAINE" MISOGYNE ?

La romancière et cinéaste Eliette Abecassis est depuis longtemps la marraine de L’Enfant d’abord.

Elle a pourtant déclaré le 9 juillet 2015 à France Info (écouter le 2è extrait, à partir de 1’38), à propos du film 50 nuances de Grey : :

(...) en fait, c’est comme si les femmes redécouvraient le fait qu’elles aiment que les hommes les dominent. Après toute cette période de libération où elles ont voulu être égales, finalement, être femme, c’est ça, c’est le plaisir de la domination. Mais la domination, c’est aussi la protection, c’est pour ç que c’est un plaisir. (...) Je pense que là, il est emps de revenir à une certaine forme de féminité, après avoir conquis tous ces droits essentiels et importants, et que les hommes soient des hommes, et les femmes soient des femmes.

http://www.franceinfo.fr/emission/tout-et-son-contraire/2014-2015/eliette-abecassis-etre-femme-c-est-le-plaisir-de-la-domination-09-07-2015-04-25-0

Il s’agit là inconstestablement d’un propos misogyne, incompatible avec l’idéologie de l’association et de ceux-celles qui la suivent.

Enoncé par un homme, il aurait aussitôt provoqué un tollé de protestations des officines misandres. Mais en l’occurrence il ne s’est rien passé : manifestement, "on" ne veut pas se fâcher avec une copine (elle est aussi "membre d’honneur" de Sos les mamans), même si elle dit des bêtises censément insupportables quand elles sortent d’une bouche masculine....  

 



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