Avec papa, c’est différent ! Liaison, 10 février 2005


Rôle du père dans le développement de l’enfant
 
Avec papa, c’est différent !
 
Les ateliers de stimulation précoce mère-enfant existent déjà depuis sept ou huit ans. Alors pourquoi pas des ateliers père-enfant ? Parce qu’avec papa, c’est différent. Guadalupe Puentes-Neuman, professeure au Département d’études sur l’adaptation scolaire et sociale, a voulu découvrir en quoi le père jouait un rôle différent dans le développement précoce de son enfant.
 
Les ateliers de stimulation précoce paternelle Avec papa, c’est différent ! constituent une première au Québec. Le projet se réalise en deux temps. Une étude est déjà commencée auprès de groupes de pères, afin d’établir les conditions favorables à la participation de ceux-ci dans les activités de stimulation de leurs enfants de un à deux ans. « Actuellement, les pères ne participent pas, ou très peu, aux ateliers de stimulation déjà existants, parce que la formule n’est pas adaptée pour eux, explique Guadalupe Puentes-Neuman. Nous devons trouver autre chose que des séances de chansons et comptines, marionnettes et bricolage. Les hommes se sentent trop souvent exclus d’activités montées par des femmes. Ils veulent quelque chose qui leur ressemble, des activités plus physiques, notamment. »
 
À Sherbrooke et en Montérégie, des groupes de discussion (focus groups) se réunissent depuis l’automne. « Notre partenaire, Naissance-Renaissance Estrie, a recruté des pères provenant de milieux habituellement plus difficiles à rejoindre pour ce type d’ateliers », indique la professeure. Un colloque aura lieu vers la fin avril, probablement à l’Université, afin que tous les participants des groupes de discussion donnent leur opinion sur la teneur préliminaire des ateliers.
 
Le recrutement des dyades mère-enfant et père-enfant commencera cet hiver. « Nous tenterons d’avoir de part et d’autre des groupes de huit à dix enfants, indique Guadalupe Puentes-Neuman. Nous aurons aussi des familles dont les enfants ne participent pas à des ateliers de stimulation, afin de pouvoir faire des comparaisons. »
 
Les ateliers père-enfant seront mis sur pied à l’automne 2005 dans plusieurs CLSC et organismes communautaires de l’Estrie et de la Montérégie. Les résultats de ces ateliers seront évalués, puis comparés avec ceux des ateliers mère-enfant.
 
Papa plus physique que maman
 
« Les enfants ont besoin d’un père et d’une mère, affirme Guadalupe Puentes-Neuman. Les pères doivent intervenir à leur façon auprès de leur enfant, et pas nécessairement comme les mères le voudraient. »
 
Des hypothèses sur les résultats de la recherche ? « Nous en avons, basées sur la théorie selon laquelle les pères jouent davantage un rôle dans la régulation des émotions de l’enfant telles que l’agressivité et l’excitation, explique la chercheuse. Quand un père joue avec son enfant, il le stimule physiquement. Mais il ne faut pas qu’il se rende jusqu’au point où l’enfant se désorganise, et où le jeu devient une véritable bagarre. L’établissement d’une limite aide l’enfant à contrôler son agressivité. De plus, le père établit ainsi son autorité. Cela aidera l’enfant à mieux traverser la période d’opposition et de crises qui survient vers l’âge de deux ans. »
La mère, elle, agit davantage au plan verbal et cognitif, par des jeux de rôles, des casse-tête, etc. « Ce qu’on ne sait pas, c’est comment axer nos interventions auprès du père et de la mère dans les domaines où ils sont le plus compétents. »
 
Plus de subventions, SVP !
 
Guadalupe Puentes-Neuman est membre du GIRDAS, un groupe interdisciplinaire de recherche qui s’intéresse à l’apprentissage et au développement de l’enfant. Deux étudiantes à la maîtrise, Stéphanie Breton et Geneviève Dubuc, ainsi qu’une doctorante, Cynthia Blais, participent également aux recherches.
 
Guadalupe Puentes-Neuman a reçu des subventions de 39 500 $ sur un an de la Direction de la santé publique de l’Estrie ainsi que 76 000 $ sur deux ans du Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture. Ces montants ne sont par contre pas suffisants pour assurer le suivi des familles à long terme, selon la professeure : « Nous aurions besoin de deux fois plus. »
 
Stéphanie Raymond - Liaison, 10 février 2005 - journal de l’Université de Sherbrooke, Québec
 
 


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