Les intégristes contre la mixité hommes-femmes. Le Figaro, 16 janvier 2006


 
 
[Contrairement à une idée reçue, le sexisme d’inspiration musulmane ne vise pas les femmes seulement, il vise les deux sexes. Lorqu’une femme refuse d’ôter son voile devant un médecin ou un examinateur masculin, à moins qu’elle ne le fasse sous la contrainte, elle exprime haut et fort sa défiance des hommes, de tous les hommes. Nous condamnons bien sûr ce sexisme-là sous ses deux formes]
 
 
Les intégristes contre la mixité hommes-femmes
 
Laïcité. Un rapport demandé par Dominique de Villepin à l’Inspection de l’administration pointe les refus du mélange des sexes dans l’espace public.
 
Le refus de la mixité entre hommes et femmes est en augmentation depuis quelques années. Ce phénomène procède « essentiellement (de) motifs religieux », constate l’Inspection générale de l’administration (IGA) chargée en avril 2005 par le ministre de l’intérieur, Dominique de Villepin, d’étudier « le refus de la mixité dans les services collectifs ». Les rapporteurs se sont rendus dans treize départements pour l’observer.
 
Les inspecteurs de l’IGA relèvent que la montée en puissance du phénomène fondamentaliste dans les quartiers sensibles se manifeste par des demandes plus nombreuses de séparation entre hommes et femmes dans l’espace public. Le secteur médical, les sports, les loisirs et l’éducation sont particulièrement concernés, même si le phénomène reste « limité » et concentré dans certaines zones. La banlieue parisienne, la région lyonnaise et l’Alsace sont en première ligne. Dans le Sud-Est, la situation est contrastée. Les manifestations de ce type restent rares ailleurs dans le pays.
 
A l’hôpital, des femmes portant le voile ou le foulard demandent à être examinées par un personnel médical exclusivement féminin ; elles refusent parfois de montrer leur visage. Toutefois, la plupart des patientes acceptent, après négociation, l’intervention de ces médecins. Quelques cas difficiles ont cependant été recensés avec des violences verbales, voire physiques, exercées par les maris.
 
Dans les établissements scolaires, on signale de l’absentéisme sélectif et la contestation de certaines activités. La mixité est instaurée partout à l’exception de cours pour lesquels aucune règle générale n’existe. Pour l’éducation physique, tel collège a choisi la non-mixité totale à partir de la quatrième ; tel autre privilégie une mixité « radicale » puisqu’elle concerne des sports comme le rugby et le football. Les cours d’éducation sexuelle sont parfois mixtes, le plus souvent organisés en deux phases. Garçons et filles sont séparés pour « libérer » la parole puis regroupés pour un échange commun.
 
A l’université, des examinateurs ont été récusés en raison de leur sexe, des contestations sont survenues lorsque l’enseignement du Coran était dispensé par un non-musulman ou par une femme, des étudiantes ont refusé d’ôter le voile pour vérifier leur identité. « Même si ces incidents demeurent rares, ils laissent les présidents d’université désemparés », observe le rapport.

Dans les activités sportives, la pratique féminine chute nettement entre 12 et 15 ans dans les quartiers sensibles. Un grand nombre d’activités proposées par les associations sont réservées à l’un des deux sexes. « Le repli communautaire, imposé ou le plus souvent souhaité, voire revendiqué », en serait la cause, selon les rapporteurs.

De nouvelles dispositions législatives ne paraissent cependant pas nécessaires aux auteurs du document. Dans les établissements scolaires, des « ambiguïtés persistent » malgré la clarification apportée par la loi sur les signes religieux ostensibles. Une tolérance avait été ménagée pour les parents qui interviennent dans le cadre de certaines activités et pour les candidates aux examens. Pour les rapporteurs, il faut y mettre un terme : « Le port de signes religieux ostensibles, parce qu’il est souvent conjugué à un refus de l’égalité entre hommes et femmes, devrait être interdit. » Enfin, la loi du 15 mars 2004 ne touche pas l’enseignement supérieur, dont les établissements adoptent des attitudes diverses face aux signes religieux ostensibles. Cela « nourrit les revendications », observent les rapporteurs. Il conviendrait donc « d’y rappeler les principes qui ne peuvent faire l’objet de négociation ».

Marie-Estelle Pech Le Figaro, 16 janvier 2006
 


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