Condamnée pour avoir couché avec un ami de sa fille. Tribune de Genève, 24 juillet 2009


 

[Une Justice à deux vitesses. Quel homme ayant eu des relations sexuelles avec une fille de quatorze ans ne serait condamné qu’à une amende avec sursis ?]

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Condamnée pour avoir couché avec un ami de sa fille

JUSTICE. Une quadragénaire genevoise est jugée coupable d’actes d’ordre sexuel avec un enfant. Elle décroche le sursis. Le Tribunal de police relève que la victime semble avoir librement consenti à entretenir des rapports intimes

"J’assume mes responsabilités. Mais je n’ai jamais entretenu d’autres rapports sexuels avec des mineurs et je ne pense pas avoir de tendances pédophiles." En mai dernier, devant le Tribunal de police, cette mère de famille a avoué avoir entretenu, en 2008, des relations sexuelles avec l’ami de sa fille, un adolescent de 14 ans : "Je connaissais son âge au moment des faits."

Résultat dans cette affaire révélée en avril dans nos colonnes : la quadragénaire vient d’être condamnée pour actes d’ordre sexuel avec un enfant.

Elle écope d’une peine pécuniaire de 4800 francs. Comme l’accusée n’a aucun antécédent, les juges ont assorti cette sanction d’un sursis.

Le Tribunal de police a relevé tout de même que la victime "semble avoir librement consenti à entretenir des rapports sexuels, qu’elle avait un certain degré de maturité et que l’accusée était dans un état dépressif". A l’époque, il est vrai, cette assistante médicale avait perdu son travail. "Je ne me sentais pas bien, mon aventure avec cet ami de ma fille m’avait revalorisée."
De quoi faire bondir Me Daniel A. Meyer, avocat du mineur : "Je suis choqué par ce jugement du tribunal. On vit dans une drôle de société où cela coûte plus cher de se faire flasher par un radar que d’abuser d’un gamin de 14 ans."

Les faits ont eu lieu au printemps 2008. La prévenue, qui a un bon rapport avec l’entourage de sa fille, parle librement avec les jeunes des questions de sexe. Elle admet même avoir remis des préservatifs au plaignant peu avant leurs relations. De fil en aiguille, les deux protagonistes en viennent à communiquer par messagerie électronique MSN. Selon la feuille d’envoi du Parquet, elle lui propose de faire des jeux de mots.

La règle ? S’il perd, il doit lui faire une caresse buccale ou aller avec elle dans son studio. L’adolescent perd. Le premier rapport sexuel a lieu dans le petit logement qu’elle possédait au-dessus de son appartement. Un second rendez-vous avec le mineur est fixé quelques jours plus tard. Elle le reçoit simplement recouverte d’un linge de bain. "Ayant des enfants, je ne sais pas comment j’ai pu accepter une chose pareille, dira plus tard l’inculpée. Il est possible que mes antidépresseurs et mes anxiolytiques aient eu une influence sur moi."

"Elle a agi pour satisfaire ses pulsions"

A l’époque, la mère de l’adolescent pressent un changement de comportement chez son fils. "Il était bizarre. Studieux à l’école, il était soudainement nerveux, agressif, inquiet. J’ai senti que quelque chose de grave s’était passé." Un jour, le jeune finit par déclarer à sa mère "qu’il s’était fait abuser par une dame". Une plainte est déposée.

Depuis son arrestation, la prévenue, qui n’a pas été poursuivie pour contrainte, soutient que l’ami de sa fille était à l’origine du "deal sexuel". Lui le conteste. Quoi qu’il en soit, le tribunal retient que l’accusée a agi pour "satisfaire ses pulsions, sans égard aux interdits et au bon développement sexuel de l’adolescent."

Fedele Mendicino

La Tribune de Genève, 24 juillet 2009

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