Courriers échangés avec médias, associations, etc.


Question écrite à Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes,

le 18 décembre 2012 + réponse

[Suite à la demande d’un de ses électeurs nantais, le député Michel Ménard a interpellé la ministre à propos de sa politique d’occultation des violences contre les hommes. La réponse est bien évidemment hors-sujet (elle parle des violences contre les femmes !) et mensongère. Nous nous contentons de colorer en gras les affirmations mensongères.]

Question N°13806, de M. Michel Ménard ( Socialiste, républicain et citoyen - Loire-Atlantique )

Rubrique > famille / Tête d’analyse > lutte et prévention / Analyse > violences à l’égard du conjoint

Question publiée au JO le : 18/12/2012 page : 7462
Réponse publiée au JO le : 16/04/2013 page : 4162
Date de signalement : 02/04/2013

Texte de la question

M. Michel Ménard attire l’attention de Mme la ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement, sur les violences conjugales en France, et plus particulièrement les violences faites aux hommes. En France, on recense 130 000 hommes maltraités par leur conjointe chaque année. Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), qui a le premier étudié les violences conjugales subies par les hommes, les 18-25 ans et les 34-45 ans sont les deux tranches d’âges les plus représentées et un diplômé de l’enseignement supérieur risque deux fois plus qu’un autre d’être touché. L’association « SOS Hommes battus », créée il y a 3 ans, a été contactée par près de 7 000 hommes à ce jour, avec des schémas très comparables à ceux des femmes victimes de violences conjugales, c’est-à-dire non seulement des maltraitances psychologiques, mais aussi des coups, séquestrations, sévices. Un homme est tué tous les treize jours par sa compagne. Même s’il est utile de rappeler que les femmes restent les premières touchées par ces violences, il lui demande de prendre en compte celles qui sont faites aux hommes et de renforcer les dispositions permettant aux victimes d’être considérées et défendues.

Texte de la réponse

L’ampleur du phénomène des violences faites aux femmes en a fait une priorité politique : en 2010-2011, 200 000 femmes entre 18 et 75 ans ont été victimes de violences sexuelles hors ménage et près de 600 000 femmes ont été victimes de violences au sein même de leur ménage, qu’il s’agisse de violences sexuelles ou physiques. Seule une femme battue sur dix dépose aujourd’hui plainte. A l’occasion de la journée mondiale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre 2012, le président de la République a demandé au Gouvernement de préparer et de mettre en oeuvre un plan global pour les femmes victimes de violences visant à la fois à mieux les informer et à mieux les accompagner. Le Comité interministériel aux droits des femmes, réuni le 30 novembre 2012 a clarifié les objectifs de cette politique : prévenir les violences par la sensibilisation et l’éducation ; améliorer le premier accueil et renforcer la protection des femmes ; prendre en charge les auteurs et prévenir la récidive ; accompagner less victimes ; lutter contre les mariages forcés et la polygamie. A l’exception des violences spécifiquement faites aux femmes telles que les mutilations sexuelles féminines, les dispositions législatives adoptées ces dernières années bénéficient aux victimes de violences conjugales quel que soit leur sexe. Il en est de même de la sensibilisation et de la formation des professionnels. En effet, ces derniers ont des profils divers (policiers, gendarmes, professionnels de santé, travailleurs sociaux...) et interviennent pour une grande partie dans des structures susceptibles d’accueillir des victimes, quel que soit leur sexe. Les hommes victimes de violences au sein du couple bénéficient comme toutes les victimes d’infractions pénales d’un soutien auprès des 173 associations d’aide aux victimes réparties sur le territoire national. Ces associations ont pour mission d’assurer, parfois dans des situations d’urgence, la prise en charge de la victime sur le plan psychologique, social et juridique notamment en l’accompagnant tout au long de la procédure judiciaire. Elles veillent également à la mise en place de dispositifs spécifiques en direction de victimes particulièrement fragilisées telles que les victimes de violences conjugales. En 2011, elles ont aidé 305 444 personnes dont 215 331 victimes d’infractions pénales.

questions.assemblee-nationale.fr/q14/14-13806QE.htm

 

Courrier envoyé au Journal des psychologues, le 29 mars 2008

[Après notre dernier courrier (voir ci-après), le Journal des psychologues n’avait plus écrit de bêtises sur le sujet pendant plus de deux ans ! C’était trop beau ! Dans son numéro de mars 2008, la psychiatre Liliane Daligand signait un article intitulé Violences conjugales (p. 49-53), qui nous a amenés à rédiger le courrier suivant :]

Je me permets de vous exprimer mon interrogation quant à l’article de Liliane Daligand intitulé "Violences conjugales" publié dans votre numéro de mars. Après l’introduction figurent dans cet article un paragraphe "Origines de la violence au masculin" puis un autre "Origine de la victimisation chez les femmes". La rigueur aurait voulu que soient symétriquement traitées les origines de la violence au féminin, et celles de la victimisation chez les hommes. Or ces thèmes n’apparaissent pas, ce qui est paradoxal puisque l’auteure de l’article, citant les résultats d’une enquête nationale, pose dès l’introduction l’existence d’hommes victimes de ce type de violence.
Je souhaiterais donc vivement que votre publication comble les lacunes de cet article en traitant prochainement de la condition de ce qu’on appelle de plus en plus couramment les "hommes battus".

[Dès le 31, nous recevions la réponse suivante :]

Votre remarque sur l’orientation de l’article de Mme Daligand est en effet intéressante. Il est certain que traiter de tous les aspects de la question dans un seul article aurait été forcément réducteur à un autre niveau, dans la mesure où les aspects des questions soulevées n’auraient pu être approfondis. Néanmoins, il serait tout à fait intéressant d’aborder la question de la
violence faite aux hommes. Il serait même intéressant de questionner la violence féminine d’une manière plus large encore, en dépassant la question du passage à l’acte et de la considérer dans son entier et ses ramifications.
Connaissez-vous vous-même un psychologue disposé à écrire sur la violence
faîtes aux hommes ?
Bien cordialement

Delphine Col-Goetgheluck, Patrick Conrath
Rédacteurs en chef

[Nous nous sommes bien sûr empressés de fournir le renseignement demandé. Aucun résultat à ce jour...]
 

Courrier envoyé au Journal des psychologues, le 5 octobre 2005

Je viens de prendre connaissance, dans votre numéro d’octobre 2005, du dossier intitulé Entendre les violences familiales.

A mon grand regret, je suis amené à protester contre la forte connotation sexiste anti-hommes de ce dossier, bien résumée par la première phrase du texte de présentation : "Les violences conjugales sont exercées à 99% par un homme à l’encontre d’une femme". Dans une optique constructive, je me permets de vous faire les observations suivantes :

- l’affirmation en question est parfaitement fantaisiste, et n’est corroborée à ma connaissance par aucune enquête interrogeant les deux sexes. Dans le domaine francophone, par contre, deux enquêtes concluent à la symétrie (autant de femmes violentes que d’hommes violents). Il s’agit de : 
> Denis Laroche. La violence conjugale envers les les hommes et les femmes au Canada, 1999. Institut de la statistique du Québec, 2003. http://www.stat.gouv.ca (Publications) 
> Bodenmann, Guy et Gabriel, Barbara. Le bien-être des couples suisses. Questions familiales, Office fédéral des affaires sociales (Berne), numéro 2/04, p.50. http://www.bsv.admin.ch/publikat/familien/d/ff0402.pdf

- Maryse Jaspard se livre dans vos colonnes à un nouvel exposé de son enquête ENVEFF, qui conclut à une proportion exorbitante de victimes féminines, sans qu’un autre article vienne présenter les nombreuses objections qu’elle a suscitées. L’enquête a pourtant été réfutée de manière assez magistrale, d’une part par Marcela Iacub et Hervé Le Bras (Homo mulieri lupus, Les temps modernes, n°623, février 2003 ), d’autre part par Elisabeth Badinter dans Fausse route.

- dans la page "associations" ne figurent aucune mention des mouvements paternels qui soutiennent les "hommes battus", ni de groupes thérapeutiques pour femmes violentes comme Face à face (www.face-a-face.org)

- dans la page "bibliographie" ne figurent aucun des ouvrages consacrés aux "hommes battus", comme L’homme battu (de Sophie Torrent, Option Santé, 2003) ou La cause des hommes (Patrick Guillot, Viamédias, 2005).

Sous une forme ou une autre, il serait juste que ces données soient portées à la connaissance de vos lecteurs. Les hommes ne sont pas plus responsables que les femmes de la violence conjugale. C’est la violence qu’il faut stigmatiser, et non un sexe ou un autre.

[La responsable du dossier nous répondait le 10 octobre :]

Cher Monsieur

J’ai été très attentive à vos critiques sur le dossier concernant les violences familiales dont j’ai eu la responsablité. Celui-ci vous l’imaginez bien ne pouvait être exhaustif . Les intervenants à ce dossier ont donné leur point de vue sur ces problèmes douloureux pour lesquels je souscris entièrement à votre propos de conclusion selon laquelle ce qui compte n’est pas le sexe de la personne violente mais la violence en elle-même. Comme vous le dites il serait intéressant de se pencher sur la question des violences féminines mais c’est un autre dossier dont il s’agit.....
avec mes sincères salutations

Claudine le Foyer de Costil

[Autrement dit, impasse totale sur nos arguments, et refus du débat. Avec en prime cette extravagante distinction faite dans la dernière phrase entre violences familiales et violences féminines ! Nous savons que la revue a reçu de nombreuses lettres de protestation, argumentées, souvent écrites par des professionnels. A ce jour, dans les numéros suivants, il n’en a été fait aucune mention...]

.

Courrier de Valeurs mutualistes, le 3 janvier 2005
 
["Valeurs mutualistes" est la revue de la Mutuelle générale de l’Education Nationale. Suite au dossier "Femmes battues, l’inacceptable !" paru dans le n°234 de novembre 2004, nous avons fait remarquer à la rédaction, le 2-1-05

 que l’utilisation de références à l’ENVEFF était mal venue, vu le caractère douteux de l’enquête

 que l’autre moitié du problème, les hommes battus, méritait bien un dossier symétrique.
Dans la réponse (ci-dessous), rapidement apportée, on remarquera

 qu’il n’est fait aucune allusion à notre première observation

 que notre suggestion n’est guère entendue, la violence féminine étant posée comme nettement moins destructrice, ceci sans aucune démonstration. Même si c’était vrai, en quoi cela dispenserait-il de l’évoquer ?]


Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à notre magazine, Valeurs mutualistes, et pour votre contribution concernant le dossier sur les violences conjugales. Permettez-moi néanmoins de souligner que "l’angle" de notre article n’était pas les hommes battus, non pas par volonté de nier l’existence des violences dont certains hommes sont en effet victimes, mais parce que ces violences sont moins fréquentes et ne sont pas médicalement aussi graves que celles subies par les femmes. Les épisodes violents ne sont également ni de même intensité, ni de même nature. Je sais que les statistiques canadiennes que vous évoquez sont reprises par certaines associations, comme SOS Papa qui dénonce ce qu’elle considère être un manque de reconnaissance des violences faites aux hommes. Il semble bien néanmoins que le phénomène ne soit pas de même ampleur et qu’il est injuste de vouloir mettre à même niveau les violences subies par les femmes et celles subies par les hommes.

Forte de ces considérations, notre rédaction a donc choisi de parler et de dénoncer les violences conjugales qui visent le sexe féminin.

Meilleures salutations et meilleurs voeux pour 2005

Séverine Bounhol responsable de la rédaction de Valeurs mutualistes (par courriel, le 3-1-2005)

[Conscients que notre intervention mettait cette rédactrice mal à l’aise, nous lui avons brièvement rétorqué que même si, selon elles, les hommes battus étaient moins nombreux, ils méritaient tout autant attention et aide. Dans son n°235 de janvier 2005, Valeurs mutualistes publie deux lettres de lecteurs sur le dossier en question, mais pas la nôtre..]

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Courrier de la Chaire lyonnaise des droits de l’homme, le 23 février 2004

[Le 12 février 2004, nous avons assisté (et participé sous la forme d’une intervention assez ferme) à une conférence-débat organisée par la Chaire lyonnaise des droits de l’homme, sur le thème des " violences conjugales ". Le thème annoncé fut aussitôt transformé par les intervenants en celui de " violences contre les femmes ". Nous avons ensuite écrit à l’association pour protester contre ce parti-pris, et proposé des pistes pour élargir le débat, à l’occasion suivante, aux victimes masculines. Voici la réponse de son président.]

23 février 2004

Chaire lyonnaise des droits de l’homme

Monsieur,

J’ai bien reçu votre lettre du 18 février et ai pris bonne note de vos observations.
Vous avez raison d’attirer notre attention sur le fait que la projection-débat du 12 février ne concernait que les violences subies par les femmes, et qu’aucune allusion n’avait été faite aux hommes, eux aussi victimes de violences.
Je vous remercie de m’avoir indiqué quelques références en la matière.
Je persiste pourtant à penser, par mon expérience professionnelle d’avocat, que l’équivalence quantitative me semble peu crédible.
Je vous prie de croire, Monsieur, en mes sentiments les meilleurs.

Le président, Ugo Iannucci 

[La position d’avocat - ou celles de policier, de juge - n’est pas la meilleure pour apprécier le problème : l’une des caractéristique des " hommes battus " est justement qu’ils ne portent pas plainte, et n’entrent pas dans le circuit judiciaire, parce qu’ils sont tétanisés par la honte et la peur de n’être pas crus. Par contre, les sources étant désormais suffisamment nombreuses et accessibles, il est possible à tout individu de s’informer, ce qui suppose évidemment de sortir de son cadre de références habituel.]  



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