A propos de "Ainsi soit-il" d’Hélène Vecchiali (2005) / Patrick Guillot


 
 
 
A propos de
Ainsi soient-ils. Sans de vrais hommes, point de vraies femmes.
Hélène Vecchiali. Calmannn-Levy, 2005
 
Hélène Vecchiali se présente comme "femme, compagne, mère de deux jeunes adultes, fille, soeur, citoyenne et, secondairement psychanalyste puis aujourd’hui consultante en ressources humaines dans les entreprises" (p.13), c’est-à-dire, en quelque sorte, comme une femme fière de l’être. Et de ce fait, bien placée pour ressentir chez les hommes le manque de cette même fierté, et les appeler à se ressaisir. Ce livre est un appel aux femmes et, "aussi et surtout", aux hommes, contre ce qu’elle appelle plaisamment le "fémininement correct".
 
L’une de ses qualités est d’ailleurs l’utilisation de formules originales et percutantes, qui donnent de la force aux vérités qu’elle énonce, souvent premières, mais qu’on entend plutôt rarement aujourd’hui.
 
C’est ainsi qu’elle stigmatise avec vigueur le processus général d’effacement des hommes, et "cette envie acharnée de mêmitude" (p.101), qui revient à "transformer les hommes en femmes" (p.158). Un processus qui prend diverses formes :

 - dans le couple, la "volonté de féminiser la communication", consistant à exiger des hommes qu’ils adoptent le mode communication féminin, fondé sur le verbal, alors qu’eux-mêmes, plutôt visuels, sont moins adroits dans ce domaine.

 - dans la famille, la "maternisation des pères", qui empêche ceux-ci d’assumer leur rôle de "privateur de la mère" (p.66),d’instaurateurs de la loi et de la frustration.

 - dans la société, l’"Etat maternant" qui gère des "citoyens infantiles" : état "compatissant, abondant, dispendieux, apaisant, telle une mère gavant ses petits et leur épargnant la confrontation avec les refus et la mort" (p.150), mais état qui ne peut plus appliquer ses décisions, alors que le besoin réel est celui de "dirigeants justes, efficaces et visionnaires".
 
Une analyse qui rappelle le Big Mother de Michel Schneider.
 
L’auteure montre bien comment les hommes sont constamment attaqués dans leur identité, posée comme inaccomplie, ou bien, lorsqu’elle est jugée acceptable, rattachée aux... "valeurs féminines". Pourtant, dit-elle, "Un homme qui pleure n’exprima pas sa part féminine, il exprime son chagrin !"
 
La conclusion consiste en un appel à une "réflexion identitaire" de chaque sexe. Sur l’identité masculine, elle n’entre pas dans le détail, sauf avec cette belle formule : "ce sang symbole de "force vitale" et de "vigueur", composantes essentiellement masculines - les deux sens étymologiques du latin sanguis !" Mais elle en dit l’essentiel, à savoir qu’elle est d’abord l’affaire... des hommes.
 
Patrick Guillot
 


Imprimer

Menu

Menu :