A propos de "Faut-il sacrifier le Nom-du-père ?" de Diane Drory (2003) / Patrick Guillot


A propos de Faut-il sacrifier le Nom-du-père ? de Diane Drory
 
 
En Belgique, au nom d’un égalitarisme douteux, se concocte une nouvelle loi attribuant aux seuls parents le soin de décider du patronyme de leurs enfants : nom du père, ou nom de la mère, ou les deux accolés dans l’ordre choisi par eux. En France, la loi est déjà votée et entrera en vigueur le 1er septembre prochain [finalement ce sera en janvier 2005].
 
Curieusement, il y a peu de politiques pour s’y opposer : le front du refus est constitué par un petit carré de psys des deux sexes, qui, eux, ont pris le temps de réfléchir sur l’importance des transmission familiales et symboliques. C’est le cas de Diane Drory, une psychanalyste belge qui monte au créneau avec ce livre courageux.
 
Pour elle, «  La mère donne la Vie, le père donne le Nom ». Le lien à la mère est établi d’emblée, indiscutablement. Mais la conscience du lien au père suppose que celui-ci soit nommé, surtout s’il est éloigné ou absent physiquement. Une conscience fondamentale car « le patronyme a pour rôle de nous inscrire dans une culture et une différence radicale par rapport à notre mère  ».
 
C’est donc bien à l’Etat de fixer la règle, et de décharger les couples de ce souci. Donner aux parents la responsabilité du choix, c’est d’emblée créer des possibilités de conflit entre les parents, et de doutes dans l’esprit de l’enfant, s’il ne comprend pas les raisons qui ont motivé ce choix.
 
Finalement, ce qui est en jeu, ce ne sont ni les droits de la femme, ni ceux du couple, mais le droit de l’enfant à obtenir un nom selon une démarche claire, reconnue, qui ne privilégie aucun des parents, mais l’imprègne fortement de la relation à son père, comme il a été originellement imprégné de la relation à sa mère, par le corps et l’affectivité.
 
Voici sa conclusion : « L’autorité masculine, largement contestée dans la société actuelle car confondue avec l’autoritarisme despotique d’avant mai 68, doit oser continuer à s’affirmer dans son esprit de rigueur et de structure ! La puissance masculine ne consiste pas à posséder des femmes, à devoir nier ses émotions ou à livrer des combats de coq mais à défendre les limites d’un territoire personnel et familial, en d’autres mots, à ne pas craindre d’user d’autorité  ».
 
Faut-il sacrifier le Nom-du-père ? Diane Drory. Editions Mols, 2003.
 
Patrick Guillot, 2003
 


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