(Inceste affectif) Assises du Rhône : il découpe sa femme et appelle sa mère. Le Progrès, 28 novembre 2000
[Nous ne reproduisons des articles relatant des faits divers que s’ils ont une forte valeur démonstrative. C’est le cas avec l’article ci-dessous, qui relate un crime tragique, mais surtout en montre de manière saisissante la lointaine cause, un inceste maternel affectif total, un "cas d’école" comme le diagnostique l’experte-psychiatre, par ailleurs féministe militante. Jean Tinoco a écopé de dix-huit ans de prison ; sa mère est repartie libre : mais qui est vraiment responsable du crime ?]
Assises du Rhône : il découpe sa femme et appelle sa mère
Etouffé dans son couple, envahi par sa mère, Jean Tinoco a fini par étrangler sa femme. Puis il a découpé le corps en menus morceaux, jetés dans des sacs poubelles. La cour d’assises tente de comprendre pourquoi.
Issu de parents tôt divorcés, d’origine portugaise modeste, il est devenu réparateur en électroménager, travailleur, sobre, courtois, désireux de s’élever socialement, reprenant les cours du soir à la Martinière, s’inscrivant au conservatoire des Arts et Métiers. A 23 ans, il s’est marié au Portugal, avec une jeune femme « dynamique et souriante », vendeuse de chaussures sur les marchés, qu’il a ramenée en France, où elle a fait des ménages. « La femme que j’espérais avoir », se souvient-il. Un enfant est né. « Tout allait dans le meilleur des mondes. » mais le couple s’est progressivement déchiré.
Selon lui, elle le rabaissait, le dissuadait de suivre ses cours. Les disputes se sont envenimées. Maria a dit avoir reçu des coups, attesté par des certificats médicaux. Jean a eu une liaison. La jalousie s’est faite maladive. « Tout était prétexte à un drame, elle épiait tout, ses factures, ses chemises, elle souffrait beaucoup de sa condition, elle rentrait dans un délire, à la fin on se serait cru dans Dallas, mais elle ne méritait pas ça » dit à la barre , avec une grande lucidité, une dame chez qui Maria gardait des enfants. En comparaison, Jean semblait un homme « honteux » de sa femme, au point de dire à ses collègues qu’il était divorcé. Au point d’aller réviser ses cours chez sa mère, dans sa chambre d’enfants.
Une enfance qu’il n’aurait jamais vraiment soldée, et c’est peut-être le cœur de l’affaire. La présence de la mère envahit le procès, omniprésente. Elle habitait toujours à proximité de son fils préféré, s’immisçait dans le ménage. Elle a même harcelé au téléphone une maîtresse de son fils, pour s’assurer qu’il ne s’éloignerait pas d’elle ! Pour Liliane Daligand, expert psychiatre, la relation mère-fils est un vrai « cas d’école », une liaison fusionnelle qui a perduré, un inceste inavoué dans lequel l’épouse n’avait pas sa place, même si elle avait le même prénom que la mère. Ces forces souterraines, enfouies « dans une bulle matricielle », auraient pu agir pour éliminer celle qui élevait la voix et dérangeait l’inséparable alliance. Faire disparaître le corps, c’était dès lors une façon inconsciente « d’évacuer le danger » selon l’experte. « Il faisait des sacrifices pour moi » a témoigné la mère de l’accusé. Ces mots résonnent étrangement dans le prétoire. Suite des débats et verdict aujourd’hui.
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